Kommentar |
Commandé d'abord par l’actualité : la "crise des migrants" en Europe et la politique d’accueil des réfugiés conduite en Allemagne et, plus particulièrement, en Sarre (Lebach), ainsi qu'en Moselle (Metz) en 2015, ce séminaire a pour objectif d’examiner la tradition européenne de l’hospitalité depuis l’Antiquité grecque (la *xenia dans l’Odyssée Homère) jusqu’à la signature de la Charte des Villes-refuges en 1995 entre le Parlement international des écrivains, présidé par Salman Rushdie, la Mairie de Strasbourg, en la personne de Catherine Trautmann et le Conseil de l’Europe, représenté par son Secrétaire général Daniel Tarschys. Nous nous souviendrons aussi de l’appel à « l’accueil de l’autre » de saint Paul, du projet de « Paix perpétuelle » de Kant et de la revendication du droit à l’exil de Hannah Arendt qui conduiront au plaidoyer de Jacques Derrida en faveur du cosmopolitisme.
Nous nous interrogerons aussi sur l'idéalisation de l'Europe, bien souvent considérée comme un "Eldorado" par certaines populations en souffrance, et sur la manière dont l'exil peut être vécu. Même lorsqu'on peut dire qu'un exilé est parvenu à s'intégrer à la vie d'un pays d'accueil, il n'en demeure pas moins attaché à son pays d'origine et cette nostalgie peut, parfois, prendre la forme d'une œuvre. Un intellectuel, un écrivain en exil est-il un exilé comme les autres ? L'inscription de cette question dans un contexte post-colonial guidera notre réflexion sur le dialogue interculturel.
Nous focaliserons notre étude sur deux romans : Eldorado de Laurent Gaudé et La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr, deux auteurs largement primés et dont nous espérons qu'ils accepteront de nous rendre visite. Ces œuvres seront analysées en référence à deux essais majeurs : Alexis Nouss, La condition de l’exilé (2015) et Fabienne Brugère & Guillaume Le Blanc, La fin de l’hospitalité (Flammarion, 2017). |