Kommentar |
Molière : de la critique de la préciosité à la « comédie-ballet »
"…une femme en sait toujours assez/Quand la capacité de son esprit se hausse/À connaître un pourpoint d'avec un haut-de-chausse" : cette répartie de Chrysale dans Les Femmes savantes (Acte II, scène 7, v. 531-2) dit assez l'ironie avec laquelle l'émancipation des femmes prônée en particulier par les Précieuses peut être perçue. Nous voudrions examiner, dans le cadre de ce séminaire, d’une part, la critique de la Préciosité par Molière et son point de vue sur la relation des femmes à l'amour et au savoir, et, d’autre part, son apport formidable aux Arts du spectacle du XVIIe siècle par l’invention de la « comédie-ballet », qui lui valut la protection de Louis XIV. Si, dans Les Précieuses ridicules (1659), comédie de mœurs et de caractère, le dramaturge dénonce les travers des émules provinciales des Précieuses de l'Hôtel de Rambouillet, il condamne, dans Le Misanthrope (1666), la coquetterie d'une Célimène aggravant par ses jeux les délires mélancoliques d'Alceste. Dans deux registres différents : une farce liée à la connaissance, une tragi-comédie ayant pour thème l'amour déçu, la femme est la cible privilégiée. On ne parlera pas pour autant de misogynie : dans L'École des femmes (1662), en effet, c'est Arnolphe le personnage ridicule : quadragénaire tyrannique, il voudrait enfermer Agnès, "le joyau de la pièce" selon Marcel Maréchal, dans une bienheureuse innocence qui la protègerait des assauts du jeune Horace. Ce qui nous retiendra surtout, c'est la façon dont la femme, au XVIIe siècle, parvient à s’affranchir de l’autorité masculine par la « préciosité » et comment Molière à l’aide d’un genre mixte, à la fois théâtral et musical, réussit à en stigmatiser les excès.
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